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  • Dr Didier Panizza

Repérer les signaux du corps

Si notre histoire intime avec notre poids pèse sur la balance, le corps aussi a son mot à dire. Pour Didier Panizza, un corps trop gros est un corps qui ne fonctionne pas. Tout excès de graisse à une histoire, de même que sa localisation. Chacun traduit un certain type de dérèglement du métabolisme. Par exemple, l’obésité alimentaire de type cortisolique qui envahit le bas du visage, le cou, la nuque et le haut du dos (la fameuse « bosse de bison ») est très diff érente du surplus de graisse abdominale, lié à une hypersécrétion d’insuline, comme si nous étions en permanence en état de réponse au stress.

Souvent, notre corps envoie des messages que nous ne prenons pas la peine d’écouter, convaincus que le seul indicateur fiable est la balance. Ainsi, ballonnements en fin de repas, envie de dormir après le déjeuner, frilosité, excès de chaleur, fringales sont autant de signaux de détresse envoyés par un corps qui se dérègle, bien en amont de la prise de poids. « Seule la compréhension et la restauration des mécanismes biologiques à l’origine du dérèglement, donc de la prise de poids, permettent de retrouver une silhouette harmonieuse », assure le docteur Didier Panizza.

Ce médecin propose une approche de l’obésité à la fois originale et frappée au coin du bon sens. Par exemple, sa façon d’envisager – donc de traiter – la surabondance des adipocytes, terme scientifique élégant désignant la cellulite : « Les cellules graisseuses ne sont pas de simples réservoirs génétiquement programmés pour survivre en cas de famine ou de grande migration. Ce sont des “organes” à part entière, avec leurs propres hormones et leurs messagers qui assurent une interactivité avec les autres organes. » Une théorie qui peut paraître évidente, mais qui est loin de faire l’unanimité. « Les informations concernant le rôle des hormones, les perturbations de leur régulation, les causes de ces perturbations et les moyens de les corriger ne font pas l’objet d’un consensus, prévient le spécialiste. Tous ceux qui ont un excès de poids et qui en ignorent la ou les raisons doivent savoir que ce n’est pas à coups de régimes alimentaires restrictifs qu’ils régleront leurs problèmes. Ils doivent consulter et exiger de leur médecin une écoute sérieuse et la mise en oeuvre de moyens d’investigation – ils existent et ont fait leurs preuves ! –, pour aboutir à un diagnostic du problème spécifique et une proposition de démarche thérapeutique capable d’agir sur les causes. »

C’est là que le bât blesse. Une consultation chez le docteur Panizza coûte cent cinquante euros, les outils high-tech dont il dispose, les examens qu’il prescrit pour affiner son diagnostic et proposer un traitement sur mesure coûtent cher, très cher.

Surveiller ses hormones

« Les hormones régulent, entre autres, les signaux de faim et de satiété, c’est-à-dire l’appétit, la répartition des graisses et la rétention d’eau, explique le docteur Thierry Hertoghe, spécialisé dans la médecine anti-âge. À condition de travailler en synergie, et si possible de manière harmonieuse. Concrètement, une seule d’entre elles est déréglée et c’est l’ensemble du système qui dysfonctionne. » Un peu comme une guirlande lumineuse de Noël qui ne marche plus. Il faut trouver parmi les dizaines de petites ampoules lumineuses laquelle provoque la panne générale.

Par exemple, l’insuline, une hormone majeure produite par le pancréas, permet l’absorption du glucose par des cellules destinées à le stocker sous forme de graisse. Un excès d’insuline entraîne donc un surplus de réserves en gras, sans que l’on ait varié d’un iota son alimentation. C’est au médecin, si possible un endocrinologue (spécialiste des hormones), de débusquer les hormones défaillantes et de proposer le traitement ad hoc pour un rééquilibrage.

Impossible de s’autoréguler où d’« emprunter » son régime à une amie qui semble présenter le même type de surpoids que nous. Dans son cas, il s’agit peut-être d’un déficit en cortisol (l’hormone du stress) qui provoque une chute brutale de la glycémie avec, en réaction, un besoin rapide et important d’aliments sucrés. Associé à un excès d’insuline, le déficit en cortisol augmente donc considérablement le stockage des graisses. Tel autre en surpoids sera en réalité sujet à l’hypothyroïdie. Un manque d’hormone thyroïdienne conduit à un ralentissement du métabolisme, donc de l’élimination.

Ne pas perdre de poids alors même que l’on a l’impression de ne rien manger est un bon indice pour se faire prescrire un dosage sanguin de la TSH – hormone produite par l’hypophyse pour stimuler le fonctionnement de la glande thyroïde. Autre hormone à surveiller : la leptine, fabriquée par le tissu graisseux, secrétée dans la circulation sanguine et qui renseigne le cerveau sur l’état de nos stocks. Plus il y a de graisse, plus il y a de leptine, moins le corps a besoin de manger. En théorie seulement, car l’obésité produit une résistance à la leptine qui perturbe le signal et trompe le cerveau sur les ré serves en lipides de l’organisme. Résultat : une surconsommation de calories inutiles. Quelle que soit la nature des blocages à l’origine de nos kilos, ceux-ci n’ont que peu de chose à voir avec un appétit démesuré. Une réalité physiologique qui devrait nous faire cesser d’osciller entre frustration et culpabilité quand il s’agit de passer à table.

Article paru dans le magazine Psychologies : lien direct ici

Écrit par Isabelle Artus

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