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Pourquoi l’obésité n’est pas due à un manque d’activité physique

  • Dr Didier Panizza

La question n’est pas de savoir si l’activité physique est agréable ou bénéfique ou si c’est un ingrédient indispensable à une vie saine, mais si cela peut aider les personnes en surpoids à perdre leur excédant de masse graisseuse.

La réponse est non.

L’épidémie d’obésité coïncide avec l’épidémie d’activités de loisirs physiques, de clubs de remise en forme et autres activités destinées à faire dépenser de l’énergie.
Jusque dans les années 1970, peu de gens étaient convaincus de la nécessité de passer des heures de leur temps libre à transpirer. Il en va tout autrement aujourd’hui.

Cette explosion d’activité physique aurait dû déclencher une épidémie de minceur.
Il y a bien peu de preuves scientifiques pour étayer la thèse que le nombre de calories dépensées aurait un impact sur le taux de graisse corporelle. Bien au contraire.
En 2007, 10 experts de l’American Heart Association et de l’American College of Sports Medicine ont déclaré :  » On peut raisonnablement affirmer qu’une personne ayant une dépense énergétique quotidienne relativement élevée est moins susceptible, à terme, de prendre du poids qu’une personne ayant une dépense énergétique faible. Cependant, à ce jour, les données soutenant cette hypothèse ne sont pas particulièrement convaincantes.  »

En 2006, Paul Williams de Berkeley et Peter Wood de Stanford collectèrent des informations détaillées sur presque 13000 coureurs à pieds et comparèrent les distances hebdomadaires parcourues par ces coureurs et l’évolution de leur poids au fil des années.
Tous les coureurs avaient tendance à prendre du poids d’une année sur l’autre, y compris ceux qui couraient plus de 65 km par semaine !
Williams et Wood conclurent que si les hommes augmentaient chaque année d’environ 3 km leur parcours hebdomadaire et les femmes d’environ 5 km, ils parviendraient peut être à rester minces.

Le journaliste scientifique américain, Gary Taubes, s’est amusé à pousser le raisonnement de ces 2 chercheurs.
En prenant l’exemple d’un homme de 20 ans qui coure 30 km par semaine, à raison de 6 km par jour, 5 jours par semaine, il lui faudra doubler cette distance vers 30 ans (12 km par jour, 5 jours par semaine) et la tripler à 40 ans (soit 18 km par jour, 5 jours par semaine), s’il veut éviter de grossir.
Pour une femme de 20 ans, courant 5 km par jour, 5 jours par semaine, il lui faudrait, à 40 ans courir 24 km par jour, soit un demi marathon, pour maintenir sa silhouette juvénile.
A raison de 10 km par heure, ce qui est un très bon rythme sur une telle distance, cette femme devrait courir chaque jour au moins 2 heures pour contrôler son poids !

Peu réaliste.

Et pire, lorsqu’on augmente sa dépense énergétique, il est probable que l’on consomme en retour davantage de calories pour compenser. Une activité musculaire intense entraîne en général le besoin immédiat d’un repas consistant.
Ainsi, un homme de 115 kg brûle 3 calories en montant un étage à pieds : il lui faut monter 20 étages pour dépenser l’énergie apportée par une tranche de pain.

Une autre étude intéressante, rapportée également par Gary Taubes : en 1989, une équipe de chercheurs danois publie une étude sur l’impact de l’activité physique sur la perte de poids.
Ces chercheurs ont fait s’entraîner des personnes sédentaires dans le but de leur faire courir le marathon (42.195 km).
Après un entraînement de 18 mois tous ont pu courir le marathon.
Les hommes ont perdu en moyenne 2 kg de graisse corporelle, les femmes rien !
Un bien grand et long effort pour des résultats insignifiants.

Force est de constater que l’exercice physique joue un rôle beaucoup plus faible que ce que l’on pourrait croire dans le contrôle du poids, d’autant que l’augmentation de la dépense énergétique due à l’exercice augmente l’appétit et entraîne une consommation accrue de nourriture.

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